• Fin août, nous en disions déjà le plus grand bien ICI : c'est donc avec joie que nous apprenons l'attribution aujourd'hui du Grand Prix de l'Académie Française à Sorj Chalandon pour son formidable roman Retour à Killybegs (éditions Grasset).

    Grand Prix de l'Académie Française : Retour à Killybegs, de Sorj Chalandon


    Un prix mérité - ça arrive !


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  • Le premier été, d'Anne PercinAprès le (déjà) très réussi Bonheur fantôme, Anne Percin confirme son grand talent avec ce deuxième roman.

    Des phrases courtes pour raconter un premier amour, vécue par la narratrice. En vidant la maison de ses grands-parents où elle passait ses vacances, enfant, elle se remémore ce moment qui la marqua à jamais.

    Attention, aucune mièvrerie ici : c'est cruel, bouleversant... Trop en dire serait vous priver de la découverte de ce court roman vraiment prenant.

    Une petite pétite de la rentrée littéraire, loin des mastodontes médiatiques, mais qui en vaut vraiment la peine !

    Conseillé par Géraldine H.

    Le Premier été, d'Anne Percin
    Editions du Rouergue, collection la Brune, 2011
    ISBN 978-2-8126-0249-8
    162 p., 16€


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  • Dans Mon traître, son troisième roman paru en 2008 (Grasset), Sorj Chalandon racontait l’histoire d’Antoine, un jeune luthier français qui, dans les années 70, découvrait l’Irlande du Nord, alors en résistance active contre la domination britannique. Tombé amoureux de la terre, de la langue, des hommes, il s’identifiait à leur lutte, se mettait à leur service et se faisait une petite place auprès des combattants de l’IRA. Il s’attirait notamment l’amitié de Tyrone Meehan, leader charismatique du mouvement nationaliste, devenu son mentor. Jusqu’à ce jour funeste de décembre 2006 où il apprenait, comme tout le monde, que Meehan travaillait pour les Britanniques depuis vingt-cinq ans.
    L’histoire était largement autobiographique. Sous les traits modestes du “petit Français” se cachait Chalandon lui-même, alors journaliste à Libération et lauréat en 1989 du prix Albert-Londres pour ses reportages consacrés à l’Irlande du Nord. Quant à Tyrone Meehan, c’était Denis Donaldson, ami du romancier et traître révélé en 2005.


    Retour à Killybegs, de Sorj ChalandonSorj Chalandon n’en avait donc pas terminé avec cette histoire. Après avoir entrepris d’exorciser la blessure de son amitié trahie, il donne cette fois la parole à Meehan lui-même. L’occasion de dire que résumer sa vie à sa traîtrise est une injustice occultant l’intensité d’une existence offerte avec bravoure à la résistance armée.
    En le nommant narrateur, l’écrivain permet à Meehan de se raconter, depuis son enfance misérable jusqu’au renoncement, en passant par son initiation au combat à l’adolescence, les premières armes, les premières actions, les victoires, les morts parmi les compagnons de lutte, les premières arrestations, et la prison. Les pages consacrées à ses longs mois d’internement, dans des conditions indignes, figurent parmi les plus marquantes du livre.
    Il lui accorde également la chance de s’expliquer, de se justifier, d’éclairer les conditions d’un choix impossible autant qu’incontournable. Une opportunité purement littéraire, puisque dans la réalité, il n’a jamais pu reparler à Donaldson entre les aveux de ce dernier et son assassinat cinq mois plus tard.


    Chalandon laisse ainsi le romancier prendre totalement le pas sur le journaliste, et son style lui-même est là pour le rappeler à chaque page. Dans la masse indigeste de scribouilleurs sans relief que nos chers éditeurs se croient obligés de nous infliger à chaque rentrée littéraire, voici enfin un auteur français, un vrai, au sens noble du terme. Doté d’une plume, d’une patte, d’une âme d’écrivain.
    Ses phrases courtes et dépourvues de graisse, ses mots choisis pour aller à l’essentiel des idées, sont la chair de ses sensations et de ses sentiments. Ce qui n’empêche pas son écriture d’être empreinte d’un certain lyrisme, ses métaphores pleines d’intuition de frapper l’imaginaire et le cœur du lecteur. Juste et attachante, la voix de Meehan fait chanter l’Irlande qu’aime Chalandon, autant que la rage désespérée animant ceux qui se battaient pour elle.


    “L’IRA. Soudain, je l’ai vue partout. Dans ce fumeur de pipe chargé de couvertures. Ces femmes en châle, qui nous entouraient de leur silence. Ce vieil homme, accroupi sur le trottoir, qui réparait notre lampe à huile. Je l’ai vue dans les gamins qui aidaient à notre exil. (…) Je l’ai vue dans l’air épais de la tourbe. Dans le jour qui se levait. Je l’ai sentie en moi. En moi, Tyrone Meehan, seize ans, fils de Patraig et de la terre d’Irlande. Chassé de mon village par la misère, banni de mon quartier par l’ennemi. L’IRA, moi.” (p.59)


    Le Retour à Killybegs, c’est le retour aux sources. Celles de la vie de Meehan, bien sûr, mais aussi le retour, pour l’écrivain, aux sources de sa passion et de son admiration pour l’Irlande du Nord et ceux qui se sont battus pour elle. Lorsqu’un livre vibre d’une telle sincérité, comment ne pas l’aimer ?
     

    Conseillé par Didier.

     Retour à Killybegs, de Sorj Chalandon
    Éditions Grasset, 2011
    ISBN 978-2-246-78569-9
    334 p., 20€
     


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  • Ca y est, c'est parti ! La rentrée littéraire 2011 commence à entrer en librairie, avec son lot habituel de débats, d'événements, d'auteurs incontournables, de noms connus - et au milieu du barnum, une poignée de premiers romans qui vont essayer d'obtenir une petite place au soleil.

    Pour commencer, nous en avons choisi quatre - avant, peut-être, d'en évoquer d'autres dans les semaines qui viennent, lorsqu'ils seront parus et que nous les aurons lus...

     

    Quelques premiers romans    L'art français de la guerre, d'Alexis JenniMa petite Française, de Bernard ThomassonBlack Mamba Boy, de Nadifa Mohamed










    Sont déjà parus : 

    La Femme du tigre, de Téa Obreht
    Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie Boudewyn
    Editions Calmann-Levy, 332 p., 20,50 €

    Un premier roman absolument envoûtant, écrit par une jeune femme talentueuse. Impossible d'oublier cette histoire onirique qui mêle habilement légendes des Balkans et réalisme du quotidien.

    L'Art français de la guerre, d'Alexis Jenni
    Editions Gallimard, 632 p., 21€

    Un premier roman français, ample et ambitieux, qui ne pourra pas vous laisser indifférent. La langue de Jenni est classique mais elle a du souffle, le propos est dense (60 ans de guerres, rien de moins !) mais passionnant.

    Ma petite Française, de Bernard Thomasson
    Editions du Seuil, 263 p., 18€

    Un bon premier roman qui vous entraînera à Berlin, dans les années 70, sur les pas d'une Française de 17 ans qui va découvrir la vie. Une lecture très agréable.

    Et enfin, à paraître le 1er septembre :

    Black Mamba Boy, de Nadifa Mohamed
    Traduit de l'anglais (Somalie) par Françoise Pertat
    Editions Phébus, 288 p., 21€

    Les pérégrinations tragicomiques d'un enfant des rues somalien recherchant son père à travers l'Afrique, dans les années 40. Une brillante épopée dont on vous reparlera très vite plus en détail...

    Pour en savoir plus, n'hésitez pas à venir discuter de ces livres avec nous à la librairie.
    Et bonne rentrée littéraire à tous !

    Conseillés par Géraldine H.


    2 commentaires
  • Autant le dire tout de suite : ceux qui cherchent un livre drôle devront passer leur chemin. En revanche, si vous voulez être secoué par un texte d'une rare puissance, n'hésitez pas !

    Elise Fontenaille dresse le portrait mélancolique et désenchanté d'une génération, à partir d'un fait divers tragique : le massacre d'étudiantes par un jeune homme qui disait détester les femmes, à l'Ecole Polytechnique de Montréal, en 1989.

     

    L'homme qui haïssait les femmes, d'Elise Fontenaille

     

     C'est dur, intelligent, jamais manichéen.  A travers de courts chapitres qui mettent en scène les différents personnages (le tueur, les étudiantes, les proches, les enquêteurs...), l'auteure nous plonge sans voyeurisme au coeur de ce crime sexiste, et nous fait nous interroger sur cette folie meurtrière.

    Inoubliable.

    Géraldine H.

     

    L'homme qui haïssait les femmes, d'Elise Fontenaille
    Editions Grasset, 2011
    ISBN 978-2-246-77591-1
    175 p., 14€

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